La science de la prière

La prière est au cœur de toute religion. Elle est au cœur de la vie du catholique. C’est d’ailleurs une application du premier commandement. Lorsqu’on aime quelqu’un, quoi de plus naturel que de converser avec lui, de lui confier ses joies et ses peines, d’écouter ses conseils, de s’unir à ses sentiments. La prière est la respiration de notre âme, elle est cordon qui nous relie à la source de tout et qui nous permet de recharger nos batteries. Des batteries, qui, comme nos téléphones modernes, se déchargent bien vite…

Alors c’est décidé ! Je visiterai une église chaque jour, j’irai voir le Seigneur. Et dans ma chambre, souvent, je me mettrai à genoux devant la petite croix qui est au-dessus de mon lit et… je ferai des prières !

« Faire des prières »… Est-ce qu’on fait des prières ou est-ce qu’on prie ? D’ailleurs, assis sur ce banc d’église, je me demande : c’est quoi la prière ? comment prier ? Est-ce que ces formules que je répète depuis tant d’années sont vraiment une prière ? A quoi correspondent ces mots de méditation ou d’oraison que j’entends parfois ? Est-ce de la prière ? Et puis… qu’est-ce que je dois lui dire, à Dieu ? Est-ce vraiment utile de prier ? à chaque fois je pense à tant d’autres choses pendant ma prière ! Et puis… souvent, je ne ressens rien. Est-ce que ma prière est bonne ?

Les réponses à toutes ces questions, et à bien d’autres encore, se trouve dans l’excellent ouvrage du Père Ludovic de Besse : La science de la prière. Derrière ce titre qui fait très intelligent se cache certainement l’une des meilleures lectures que nous puissions avoir sur le sujet. Accessibles à tous, ces quelques pages nous guident petit à petit pour que cet acte si banal et si essentiel qu’est la prière soit vraiment bénéfique à notre vie spirituelle, pour qu’il nous aide à progresser dans la vertu. C’est tellement dommage de réciter des prières toute sa vie, simplement par devoir ou par habitude, et de s’apercevoir, des années plus tard, qu’on n’a jamais prié…


Un extrait du chapitre XX :

Notre-Seigneur n’a pas voulu nous laisser dans l’ignorance sur un sujet si important. Avant lui, il était écrit : « Vous aimerez le prochain comme vous-même. » Mais les hommes s’aiment de tant de manières ! Et l’amour qu’ils ont pour eux-mêmes est quelquefois si mauvais ! Lequel faut-il choisir ?…

Eh bien ! pour trancher le doute, Jésus-Christ a dit à ses disciples : « Je vous donne un commandement nouveau ; c’est mon commandement à moi. Il sera le signe distinctif auquel on reconnaîtra que vous êtes mes disciples. Voici ce commandement : Je vous ordonne de vous aimer les uns les autres, comme je vous ai aimés » (Jean, VIII, 34-35.).

Ah ! désormais, la règle est unique. Elle est claire et elle ne trompe pas. Mais encore faut-il l’étudier avec soin pour réussir à l’observer exactement. Chacun le sait d’une façon générale : Jésus-Christ n’a pas été un égoïste ; il n’a demandé aux hommes ni de l’argent, ni des services, ni des honneurs, ni des plaisirs. Il ne leur a rien donné de semblable. Il était bon et pour gagner les cœurs, il rendait volontiers toutes sortes de services matériels, même à l’aide du miracle. Mais il visait plus haut. Il nous a aimés pour nous rendre semblables à lui ; pour nous délivrer de nos péchés et de nos vices ; pour nous arracher à l’enfer et nous conduire au ciel. Voilà son amour. Le voilà dans son essence. Pour obéir à cet amour, il s’est sacrifié tout entier. Il nous a donné son sang et sa vie et il continue à les donner jusqu’à la fin du monde dans son Eglise et dans les sacrements.

Comment obtenir l’intelligence d’un pareil amour pour en faire la règle de notre conduite ? Par la méditation sans doute. Mais combien la contemplation est plus efficace pour nous conduire à ce but ! Elle peut avoir pour objet ou la Trinité sainte ou le Fils de Dieu fait homme. Dans ce dernier cas, on ne s’arrête pas aux actes ni aux œuvres de la charité de Jésus-Christ. On entre dans son Cœur adorable et on va admirer cette charité dans sa source. Quand on médite les exemples de Notre-Seigneur, si on le fait avec une vraie humilité et un cœur droit, on y trouve la règle des vertus parfaites proposées à notre imitation. Mais il ne faut pas l’oublier : nous avons un amour-propre subtil, fécond en sophismes de toute espèce. Une fois lancés dans les raisonnements, comment empêcher la passion de nous aveugler ?… Trop souvent il nous cache notre devoir, en lui substituant quelque chose qui s’en rapproche, mais qui nous éloigne en réalité du vrai amour du prochain,  pour accorder une certaine satisfaction aux exigences de notre nature.

Par exemple, peu de personnes arrivent par le chemin de la méditation à bien comprendre et à bien pratiquer le grand devoir du pardon des injures et de l’amour des ennemis. Nous en avons vue des exemples. Des âmes pieuses méditaient la Passion de Notre-Seigneur. Elles l’admiraient quand, sur la croix, il excuse ses bourreaux et prie pour leur conversion. Puis, se repliant sur elles-mêmes, se rappelant le souvenir des injustices qu’elles avaient subies, non seulement elles n’arrivaient pas à les oublier, mais, trompées, par de beaux prétextes, elles en conservaient des ressentiments amers, même après qu’on leur avait demandé pardon. Sainte Jeanne-Françoise de Chantal n’a-t-elle pas été un peu dans cet état, vis-à-vis du meurtrier de son mari, tant que saint François de Sales ne l’a pas aidée à faire des progrès dans l’oraison ? Certes, elle aimait trop Dieu pour garder dans son cœur des sentiments qui l’auraient offensé. Mais pendant longtemps elle ne put supporter la vue de celui qui l’avait rendue veuve. Il y avait là une faiblesse de nature bien excusable. C’était néanmoins une faiblesse et elle en triompha magnifiquement quand son oraison mieux faite eut augmenté son amour pour Notre-Seigneur.

Eh bien ! la contemplation vient au secours des âmes qui ont des ressentiments ou des faiblesses. Elle leur donne le courage de tout oublier. Elle les jette dans l’intérieur du Cœur de Jésus et leur fait admirer la hauteur, la profondeur, la largeur de son immense charité pour le prochain. Elles perdent ainsi la possibilité de penser à elles-mêmes, et, oublieuses de tout intérêt personnel, elles se mettent à aimer les âmes, comme Jésus les a aimées.


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