Toujours prêt ?

Les livres de Baden-Powell fourmillent d’exemples nous encourageant à nous tenir prêts. Nombre de décorations ont été remises à de jeunes garçons qui sont intervenus avec courage et compétence lors de noyades ou pour rattraper des chevaux emballés. Nous connaissons tous les Excuses de l’aspirant, qui relate l’histoire – vraie – de cet adolescent qui meurt en sauvant un enfant d’une voiture (Albert Hatswell… à 12 ans, c’était son deuxième sauvetage !).

Pourtant, tous ces récits, aussi réels soient-ils, ont quelque chose de suranné aujourd’hui. Tout est simple.
Un accident ? les pompiers sont là en quelques minutes !
La vieille dame qui porte ses cabas ? Elle se fait livrer ou passe au Drive.
Celle qui porte son bois mort ? Elle tourne un bouton, et la fée électricité opère.
Cet ami au chômage ? Ses allocations lui permettent de vivre convenablement.
Les chevaux emballés ? Avec son assurance, on fait intervenir le garagiste dans la demie heure et on bénéficie d’une voiture de prêt.

Quoi ?
Alors notre formation n’a plus de sens ? Elle se détache du réel ? A quoi devons-nous être prêts ? Observons les faits…

 

Comment ?
Très bien. Nous savons donc à quoi nous préparer. Mais comment nous y prendre ?

Il suffit de remplir petit à petit les étages de cette pyramide, en comprenant bien que ce sont les étages les plus bas et les plus larges qui méritent d’être le plus développés !

(Nous reprenons ce principe à David Manise, dans Manuel de (sur)vie en milieu naturel, Amphora, 2016.)

# Savoir-être. Il s’agit de notre attitude. Nous parlons souvent de formation du caractère. L’expérience des situations, réelles ou simulées, souvent en jouant, nous le procurera.

# Savoir-faire. Nos compétences. Ce sont les épreuves et la progression. Ces compétences doivent être confrontées à l’expérience souvent répétée. Elles ne s’acquièrent pas dans les livres ou sur Internet.

# Condition physique. La santé est le premier but du scoutisme. Une vie saine, l’exercice quotidien, la vie dans la nature forgent un corps prêt à toutes les situations. Plutôt que de faire des sportifs hyper-spécialisés, il faut se tourner vers les méthodes telles que celle de Georges Hébert.

# Matériel. Pour bien travailler, il faut de bons outils. Si l’homme d’expérience allège son sac au fil des années, il n’en demeure pas moins qu’il est équipé avec du bon matériel, simple, robuste, polyvalent. Il doit être aussi ce gars qui a toujours au fond de la poche ce petit truc dont on a besoin… n’est-ce pas l’esprit des cinq objets du louveteau ?

 

Exercice pratique
Vu le travail à accomplir ? Et si, chacun de nous, scout ou non, nous reprenions chacun des « risques » qui peuvent se présenter à nous, et que, dans chaque situation, nous nous demandions si nous sommes prêt ?

En cas de …., quelle sera mon attitude ? En ai-je les compétence ? Ai-je les moyens physiques nécessaires pour réagir ? Suis-je équipé pour cette situation ?

Petit à petit, c’est ainsi que nous seront « prêts ».

Yapluka, comme on dit…

 

Pour prolonger cette approche, quelques vidéos du gouvernement sont disponibles ici.

Cet autre site officiel est consacré aux catastrophes naturelles. Entre autres informations très intéressantes, il permet de connaître les risques spécifiques à sa commune. Essentiel pour organiser sa résilience !

4 Replies to “Toujours prêt ?”

  1. Il est intéressant de se souvenir que la formulation initiale en français de la devise scoute « Toujours prêt » était « Être prêt » ou « Sois prêt ». Cette formulation était elle-même une traduction imparfaite de la devise donnée par Baden-Powell à ses scouts « Be Prepared » (à ses initiales). Littéralement, cela signifie « Sois préparé ».
    Le fait d’être prêt pourrait être interprété comme un simple état d’esprit. Or, dans la devise scoute, cela requiert de la part du Scout un processus durable d’auto-préparation, consistant non seulement à cultiver son état d’esprit et son savoir-être, mais aussi, comme le souligne si justement PJ Rubino, à soigner sa condition physique, à développer son savoir et son savoir-faire et à être équipé adéquatement, afin de pouvoir faire face aux éventualités les plus diverses.
    Michel le Vieux Loup 😉

    1. Compagnie de la Sainte-Croix dit : Répondre

      Effectivement ! Tous les manuels des Scouts de France indiquaient que « Etre prêt » est la devise. On a souvent retenu plutôt le « Toujours prêt » qui est la formule usitée en rassemblement, mais il me semble important de demeurer exacts.
      Sauf erreur, « Sois prêt » était la formule usitée chez les Eclaireurs de France, laïcs.
      Encore récemment, on me faisait la réflexion :
      « oui, mais ce n’est plus comme avant, où les scouts faisaient tout le temps des sauvetages, maintenant, on ne vit plus dans la même société, et puis on ne laisserait pas un mineur intervenir sur un accident. »
      Je ne crois pas. La mode du « survivalisme », ou la simple recension des faits que nous avons voulu évoquer ici prouve le contraire. Au-delà de la préparation spirituelle (le « être prêt à mourir »), notre devise suppose une vraie préparation au service, qui ne s’improvise pas… mais dont la nécessité vient toujours à l’improviste.
      PJ Rubino

  2. Je partage pleinement votre point de vue.
    Dans la philosophie de Baden-Powell, la préparation ne se limite pas au service : même si cet objectif est le plus noble, elle vise aussi, plus platement, à ce que le Scout puisse se tirer d’affaire en toutes circonstances (nombreux exemples dans son livre Eclaireurs – le survivalisme en est en effet une facette extrême) et exercer un métier plus tard, prenant ainsi pleinement sa place dans le fonctionnement de la société humaine.
    Sur le plan historique, j’ai observé que tous les manuels SDF d’avant-guerre indiquent Etre Prêt et ceux d’après-guerre indiquent Toujours Prêt (repris sur les insignes de 2e et 1e classes). Il semble qu’il s’agisse d’un alignement de la devise dans toutes les fédérations du Scoutisme Français car les manuels EDF d’après-guerre indiquent eux aussi Toujours Prêt. En Belgique, la devise chez les Scouts Catholiques était Sois Prêt et c’est resté tel quel jusque dans les années 1970 au moins.
    Michel Sergent

    1. Compagnie de la Sainte-Croix dit : Répondre

      Merci pour ces précisions historiques !

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