De la discipline avec les enfants

Aujourd’hui, le terme de discipline est plutôt mal vu.
Pour les enseignants ou les éducateurs, il évoque ces temps anciens où les enfants étaient brimés, sans aucune possibilité de voir s’épanouir leur personnalité. Elle était le refuge du mauvais professeur qui veut simplement s’assurer de n’être pas trop embêté durant son cours.
Pour les enfants, discipline évoque immanquablement un système dictatorial et militariste : on s’imagine marcher au pas, sans aucune liberté possible, sans autre choix que le silence docile ou la règle qui viendra claquer sur les doigts, accompagnée d’un serrement des dents… et peut-être d’une larme silencieuse vite ravalée.

Mais le mot discipline ne vient-il pas de discipulus, disciple ? Celui donc, non qui subit, mais qui apprend, qui grandit ! La discipline n’est que la somme des règles nécessaires au bon apprentissage. Elle n’est pas une loi arbitraire et contraignante. Elle est au contraire un formidable moyen pour grandir et s’épanouir. Librement consentie, elle permet de former des hommes droits.

 

De la nécessité de la discipline
On peut rêver tant qu’on voudra. Tout éducateur sait que la discipline est une nécessité. C’est elle qui permet le bon déroulement des activités, qui, tout simplement, garantit la sécurité des enfants. En ce sens, nous n’avons pas le droit de la négliger, ni par idéalisme idéologique, ni par laxisme. Contrairement à l’idée reçue, la discipline permet l’épanouissement de la pleine liberté, elle en est même sa garantie. Si dans le scoutisme, par exemple, tant d’activités diverses sont possibles, parfois très agitées, parfois même objectivement dangereuses, c’est justement parce que le chef jouit d’une autorité réelle, parce qu’il fait régner la discipline. A tout moment, il peut reprendre le contrôle, imposer le silence pour donner une consigne importante, siffler un rassemblement, ou donner ses directives pour intervenir sur un accident inopiné. A l’inverse, on ne peut s’empêcher de penser à certains professeurs qui ne se permettent aucun écart dans leurs cours, aucune plaisanterie, aucune activité qui sorte un peu du cadre et qui donc paraissent très autoritaires… justement parce qu’ils n’ont pas d’autorité et qu’ils craignent trop ce moment de flottement où il leur faudra reprendre la classe en un tour de main. Il y a mille explications à cela, et le professeur n’est pas toujours fautif, et puis il faut du temps, un certain climat. Mais le fait est là : plus le chef a d’autorité, plus il est maître de la discipline, plus il peut se permettre des écarts, plus il peut s’adapter aux désirs des enfants. Même dans les jeux, la discipline est nécessaire, et les enfants eux-mêmes sont bien les premiers à relever les écarts à la règle, « les jeux sont une nécessité pour le garçon et un des grands moyens de former son caractère, mais les jeux sans discipline sont plus qu’inutiles et n’apportent de joie à personne. » (Vera Barclay).

Par ailleurs, la discipline rassure l’enfant. Le jeune garçon a besoin d’ordre. Dans le milieu scout, il sera heureux de voir le prestige, la maîtrise de son chef, et pour cela il le suivra en toute confiance au bout du monde. Dans le milieu scolaire, l’enfant estimera l’enseignant ou l’éducateur qui est capable, en toute bienveillance, de faire régner l’ordre. C’est grâce au silence et à cet ordre que l’enfant pourra travailler convenablement.

Enfin, la discipline agit sur le caractère. Elle forge l’intérieur par l’attitude extérieure. Des psychologues à saint Thomas d’Aquin, on sait bien que l’attitude du corps conditionne celle de l’esprit. Le débraillé formera rarement un esprit rigoureux et exigeant. En construisant une discipline extérieure, l’éducateur aide l’enfant dans son combat intérieur, qui fait des ravages à l’adolescence. Il facilite ses efforts, et aide le jeune garçon qui est parfois intérieurement désemparé. La discipline extérieure, même sur des petites choses, même si celles-ci paraissent parfois insignifiantes, donne de bonnes habitudes. De l’officier supérieur qui se rase le matin en plein cœur de la bataille à l’acteur qui répète inlassablement son rôle, jusqu’au sportif de haut niveau qui s’astreint à une discipline alimentaire pour compléter son entraînement, tous ont bien compris que l’on parvient aux grandes choses par la fidélité aux petites. On parle de discipline de vie. C’est celle-là qui nous rend plus libres, moins dépendants de nos passions. Parce que nous aurons pris de saines habitudes pour les petites contraintes du quotidien ou pour la vie en société, nous serons moins usés et préoccupés par les petites contrariétés, et nous pourrons consacrer toute notre énergie à l’essentiel. Les spécialistes de l’organisation parlent beaucoup aujourd’hui de « routines » : les dix gestes à faire en se levant, ou avant de se coucher, ou « la routine du lundi » lorsqu’on arrive au travail, pour ne pas être submergé par ses mails… Ce n’est rien d’autre que l’adoption volontaire d’une discipline pour améliorer notre qualité de vie.

 

Comment maintenir la discipline ?
L’éducateur, professeur ou chef scout, doit inspirer le respect. Son charisme est très important. Le chef scout est mis dans une position qui facilite énormément ce ressort. Il est compétent, il « assure » devant les difficultés : il va savoir allumer ce feu sous la pluie, alors que les garçons galèrent depuis une heure, et grelottent de froid ; il va réagir plein d’assurance devant ce scout qui vient de se couper avec la scie ; il organise des jeux formidables… Le chef, il a de l’allure, toujours un uniforme « impeccable » – redondance de langage pour exprimer la discipline personnelle qui précède la discipline collective – , il suscite l’admiration. Plus encore, il est aimé, profondément, parce qu’il est un frère aîné, parce qu’il n’est pas beaucoup plus âgé que ses garçons, mais surtout parce qu’il aime lui-même ses petits frères.
Petit à petit, cette autorité, cette discipline tenue par l’admiration des enfants, grâce au charisme du chef, va permettre aux garçons de comprendre qu’au-delà d’untel ou untel, c’est la fonction du chef qu’il faut respecter et à laquelle il faut obéir, parce qu’il est le relais d’une autorité supérieure, qui remonte elle-même à une autre autorité… qui n’est qu’une délégation de l’autorité divine. Or, quel chef serait plus aimable que Notre-Seigneur Jésus-Christ ? C’est vrai dans les yeux de l’enfant, c’est vrai aussi dans le cœur du chef qui doit se demander à chaque instant quel chef serait Jésus à sa place.
Le relais des chefs de patrouille facilite grandement cette discipline, et les CP seront des amplificateurs qui participent pour une part importante au respect dû au chef. Voici l’occasion de rappeler, même si c’est une évidence, que le chef qui critique souvent ses propres supérieurs ne tardera pas à être critiqué lui-même par ses scouts. Et ne croyons pas que parce que ce mot sur le commissaire national ou sur le chef de groupe n’a pas été dit devant les scouts, ils ne se rendront compte de rien. Ayons nous-mêmes un grand respect de l’autorité, de la discipline générale qui nous est imposée – une discipline administrative parfois… – et nos enfants, imperceptiblement, nous imiteront.

La discipline se maintient aussi par la tradition, l’habitude ou l’idéal, on peut le nommer de différentes manières. On constate que dans les troupes – et cela vaut pour les écoles – le niveau d’exigence est très variable. Autant tout le monde est à peu près d’accord sur les nœuds à connaître pour une seconde classe ou pour la manière de faire un croquis panoramique, autant la discipline générale est beaucoup plus aléatoire. Il semble qu’il n’y ait pas de référentiel commun… alors on alterne entre le militarisme excessif, et le laxisme le plus total, souvent d’ailleurs avec des chefs qui se justifient très explicitement par un « on n’est pas à l’armée ici… ».
La propreté, la promptitude, le silence en rassemblement, un cri de patrouille ou de troupe qui « claque », le bon alignement des patrouilles… tout cela doit d’abord être exigé par le chef de troupe, souvent laborieusement, il faut bien le dire. On pourrait en dire autant du silence dans les rangs scolaires, du calme pour rentrer en classe, de la vivacité à lever la main pour prendre la parole… Petit à petit, il faut que nos jeunes garçons appliquent tout cela non pas par crainte des représailles du chef, mais parce qu’ils ont compris qu’un rassemblement, ce n’est pas une foire de village, parce qu’eux-même apprécieront ce qu’il y a de grand et de beau à ces mouvements d’ensemble impeccables. Il faudra leur faire comprendre – et bien vite ils le diront eux-même – que taillader un arbre, que de laisser des papiers de bonbon sur un lieu de camp… « ça n’est pas scout ». Il y a alors une fierté d’appartenir à quelque chose de plus grand. Ce ne sera plus une pure obéissance mais une volonté d’être bon, de s’identifier à quelque chose – l’idéal scout – qui les dépasse. Ce genre de réflexes leurs seront d’un grand secours pour respecter la loi, ou pour lutter par exemple contre l’impureté, sous toutes ses formes.
De là, l’importance de développer dans une école ou une classe un fort sentiment d’appartenance. Petit à petit, les enfants diront d’eux-même : « cette bêtise ? ces résultats ? c’est le collège d’en face, nous, nous valons mieux que cela ! »

L’un des meilleurs garants de la discipline que nous pourrons faire régner, ce sera l’intérêt que les garçons portent à ce que nous leur proposons. Les « surveillants » le savent bien : lorsque les enfants n’ont rien à faire en étude, ils sont intenables. Les enseignants en font aussi l’expérience : si les élèves ne sont pas intéressés par la leçon, ils chahuteront très vite, mais si le sujet du jour les passionne, ils seront adorables. Il y aura peut-être une surexcitation, une énergie qu’il faudra canaliser, mais rien à voir avec l’indiscipline, qui est bien souvent synonyme d’ennui. A nous, donc, d’être passionnants. De nous passionner nous-mêmes d’abord, et de savoir passionner notre entourage ensuite. Le chef scout lui aussi doit croire pleinement à son jeu, ou à l’histoire qu’il est en train de raconter. S’il « fait semblant » de se mêler à ce qu’il considère comme des enfantillages, alors les enfants n’entreront pas dedans, et l’activité sera un échec. Le jeu doit être attrayant, il doit convenir aux besoins de l’enfant, être circonstancié.
Dans cet esprit, des intervenants extérieurs seront les bienvenus. Qu’ils soient conférenciers dans une école ou instructeur dans une troupe scoute, ils permettent de varier l’intérêt des garçons. Le simple fait d’avoir une nouvelle tête devant eux les captivera… au moins quelques minutes… L’adolescent aime la nouveauté, simplement pour sa nouveauté. En d’autres temps, ce serait un défaut, un manque de caractère. Pour l’instant, ce n’est qu’un aspect de la nature du garçon, de sa psychologie à certaines périodes de sa vie, qu’il faut considérer et exploiter.
L’éducateur, d’ailleurs, aura grand soin d’avoir le sens du réel, et de considérer que l’enfant a besoin de bouger, de chahuter, de se dépenser. Inutile donc de vouloir le visser à sa chaise huit heures par jour. Il faut savoir varier les temps. « Il faut sans cesse faire alterner le travail et le jeu, le calme et le bruit. Par exemple, ne croyez pas que la meilleure manière de calmer les garçons afin de les préparer à un laïus solennel ou à une cérémonie consiste à leur faire dans le calme une instruction ou à leur raconter une histoire. La meilleure préparation sera une violente dépense physique d’un genre ou d’un autre. […] Alternez sagement et chaque partie sera une détente si on la compare à celle qui la précède. » (Vera Barclay).

Le système d’équipe sera aussi d’un grand secours. Patrouilles ou capitaineries, les équipes facilitent la mise en œuvre de la discipline. La raison en est très simple : il est plus facile de gérer une petite unité qu’une grande quantité de garçons. Ainsi, le bon « surveillant » qui saura s’appuyer sur les chefs d’équipe de l’école, qui aura su leur donner des responsabilités et un pouvoir réel, se rendra petit à petit inutile, et c’est dans cette inutilité qu’il deviendra le parfait surveillant. Parce qu’ainsi, les garçons auront forgé leur caractère, ils obéiront volontairement, et ils seront capables d’obéir à leurs semblables, ce qui du point de vue de la vertu est bien plus méritoire que d’obéir à un adulte.
Il ne faut pas sous estimer la capacité des garçons à faire régner la discipline entre eux. Il y a peu de temps, j’assistais à un spectacle de fin d’année dans une école Espérances Banlieues. Enfants difficiles donc, qui manquent beaucoup de structure, qui ne tiennent pas en place. Les institutrices s’inquiétaient pour la pièce de théâtre à venir. Mais les enfants étaient tellement captivés et enthousiasmés par leur représentation, que les « petits » qui faisaient quelque chose de travers ou qui osaient faire un peu de bruit en coulisses étaient immédiatement repris par leurs camarades, avec une autorité qui n’appelait aucune négociation !
Le système d’équipe joue aussi par la rivalité naturelle qui se met en place entre les équipes. Par honneur, pour faire mieux que les autres, parce qu’ils se comparent sans cesse, ils essaieront de surpasser l’équipe d’à côté. C’est le ressort de l’idéal que nous avons déjà évoqué. Ne réprimons pas systématiquement les garçons qui se comparent entre eux. Il ne s’agit pas forcément de compter les aiguilles ou les poutres dans les yeux des uns ou des autres, c’est aussi une manière de se construire eux-mêmes. C’est parfaitement humain, et parfois même nécessaire.

Gérer son groupe, et donc administrer convenablement les admissions et les exclusions s’avère aussi fondamental. Le bien commun doit toujours primer. Ainsi, on dit qu’il ne faut pas plus de 10% d’enfants « à problèmes » ou « turbulents » dans un groupe. Au premier coup d’œil, lors du premier jour de classe, l’éducateur saura repérer ces quelques-uns qui risquent de lui donner du fil à retordre. Si on les laisse faire, ils se donneront en spectacle, et les autres passeront bien vite d’un regard captivé à un certain mimétisme, dont ils seront tout aussi captifs, mimétisme qui ne sera que l’expression de la « psychologie des masses » si habilement utilisée aujourd’hui. Moutons en quête d’un guide qui saura les précipiter dans le vide de la facilité, ils rendront la vie du professeur impossible. Pour éviter d’être nous-mêmes débordés, si nous avons plus de 10% de ces enfants-là, ne tardons pas à subdiviser l’ensemble que nous avons en face de nous, pour que ces garçons soient toujours en minorité. C’est encore le système des patrouilles, qui peut s’appliquer de différentes manières. Ainsi, nous pourrons éduquer nos enfants convenablement, former leur jugement et leur volonté.
Pourtant, il nous faudra veiller à ne pas exclure à tort et à travers, d’une manière trop intempestive. Que ce soit l’exclusion définitive d’un établissement scolaire, de la troupe scoute, ou l’exclusion le temps d’un cours, ce ne sont pas des décisions anodines qui se prennent sous l’effet de la colère. Lorsqu’un enfant est dans le couloir, il ne faut pas entretenir un mauvais esprit en se livrant à quelques sarcasmes bien envoyés devant le reste de la classe. On se soulage peut-être, mais on perd toute autorité, toute bienveillance sur les élèves, et l’on donne ainsi à la rancœur toute latitude pour se développer. N’oublions pas que derrière ce petit diable il y a une humanité blessée par le péché originel, et que nous en sommes nous-mêmes une illustration peu glorieuse à chaque fois que nous devons nous  approcher du confessionnal.
« Laissez-les commettre des fautes : qu’ils connaissent la déception, la souffrance physique, qu’ils connaissent l’échec, qu’ils sachent ce que c’est que d’être ridicule parce qu’ils ont négligé de suivre votre enseignement et vos conseils, dédaigné vos avertissements. […] Il ne faudra pas lui dire alors : « Je te l’avais dit », mais « Evidemment c’est arrivé, ça devait arriver », « Pauvre ami, je le regrette pour toi ; cependant la prochaine fois tu le sauras ! » » nous dit Vera Barclay.
N’oublions pas : « quelques compliments, quelques encouragement sont aussi nécessaires aux jeunes que la nourriture, l’exercice, le rire et le grand air. » (Vera Barclay).

 

La discipline intérieure
Voilà le véritable but, et si le mot discipline nous chagrine trop, utilisons le terme de caractère : ce n’est pas autre chose.
« la vraie discipline, le bon scoutisme, le vrai scoutisme durable, solide, vous ne l’obtiendrez jamais tant que chaque scout individuellement n’en sera pas arrivé, peu à peu, à comprendre qu’être scout c’est faire un effort personnel pour vivre son idéal. » dit Vera Barclay. Oui, être scout, derrière les jeux, les activités passionnantes du camp, c’est décider de faire un effort permanent pour aller vers quelque chose de plus grand, vers ce type idéal qui est dessiné par la loi scoute. La célèbre vertu chevaleresque de magnanimité ne dit pas autre chose, et ce n’est pas pour rien que les scouts ont été désignés comme étant des chevaliers.

Il nous faudra être exigeants, savoir demander de grandes choses : ce sont elles qui pourront enthousiasmer les garçons. Mais il ne faut pas non plus leur demander des choses démesurées. N’oublions pas de prendre en compte leur nature, de considérer ce qu’ils sont. Notons bien : nous disons prendre en compte la nature de l’enfant, c’est-à-dire ce qu’il est à un moment donné, avec la psychologie et le corps dont il est doté à ce moment là. Il ne s’agit pas de pactiser avec la nature viciée par le péché originel, et de tout accepter sous prétexte que « jeunesse se passera », ou que ce serait la société qui pervertit notre pauvre chérubin. Mais considérons par exemple ce scout qui part chercher du bois pour le feu de veillée… et qui se retrouve à discuter cinq mètres plus loin avec un autre patrouillard. Nous avons bien souvent tendance à hausser le ton, éventuellement à punir, et à considérer que quand même, c’est un bien mauvais scout que nous avons là, qui n’a aucun souci du bien commun et aucun sens du service. Peut-être que ce garçon est effectivement paresseux, et qu’il faut lutter contre ce défaut. Peut-être aussi que c’est tout simplement là l’expression normale pour son âge d’un besoin de partager sa tâche avec un camarade. Le louveteau aura a cœur de montrer qu’il a su le faire « tout seul ». Mais l’adolescent veut vivre en société, partager avec ses camarades, même si, en soi, il peut faire le travail seul. Envoyons-les chercher le bois à deux. Ils n’en seront que plus efficaces et plus enthousiastes. Au retour, n’oublions pas de les féliciter et de les encourager.
Saisissons l’occasion de développer tout ce qui est bon, tout ce qui fonctionne. C’est toujours plus enthousiasmant que de lutter contre les défauts qui démoralisent. C’est ainsi que la loi scoute est conçue. C’est ainsi que toute la vie du camp est conçue.

Nous voyons donc toute l’exigence d’une bonne discipline au camp ou en classe. Si nous n’y attachons aucune importance, si nous n’utilisons pas tous ces moyens, alors notre année, scoute ou scolaire, sera bien laborieuse. Il faudra sans cesse se fâcher, l’ambiance sera mauvaise, et l’on entendra bien souvent le chef s’époumoner et s’indigner au fond des bois d’avoir une si mauvaise troupe. Les enfants, c’est tout particulièrement visible dans une classe, ne sauront jamais « jusqu’où ils peuvent aller », parce que la discipline exigée par l’adulte n’aura jamais été clairement définie, et qu’ils n’ont peut être pas la même notion du silence ou du calme. Surtout, sans discipline, nos enfants n’apprendront jamais à se dominer. Ils deviendront esclaves de leurs passions, de leur paresse, de leur esprit de jouissance. Esclaves de la facilité et de l’hédonisme, ils n’apprendront jamais la joie de l’effort librement consenti, voir désiré. Alors, imperceptiblement, ils passeront à côté de leur vocation terrestre, et peut-être même de leur vocation céleste.
Mais si nous savons faire régner cette exigence apparemment bien superfétatoire du rassemblement bien fait, de la propreté au camp, ou du silence en rentrant en classe, alors sans nul doute nous aurons de bien meilleurs cours, de bien meilleures sorties de troupe. Nos unités scoutes seront plus belles, plus fières, et les garçons seront tout heureux de proclamer que chez eux, « ça claque ». Ainsi, nous aurons fait notre travail d’éducateur : nous aurons préparé une bonne nature, une bonne terre. Et lorsque la Grâce, dans son infinie bonté, sèmera tous ses bienfaits, alors la bonne terre donnera les plus beaux des fruits, presque sans efforts !

 


 

Beaucoup de conseils de cet article sont issus de Propos sur la méthode scoute, de Vera Barclay. Nous vous en conseillons vivement la lecture !

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