Pour sauver la jeunesse

Extraits de la lettre Inter teterrima de Pie IX, 27 juin 1872 — à Henri Abeille et autres fondateurs de l’Union catholique de Marseille.


[Education irréligieuse d’aujourd’hui.]

Rien pour la famille humaine ne peut être plus pernicieux que cette corruption. Aussi, autant qu’il était en Nous, avons-Nous pris soin de combattre un tel mal, non seulement chez Nous, en opposant aux efforts de l’impiété l’ouverture d’écoles où la jeunesse est formée à la piété et à une doctrine saine et solide, mais aussi en soutenant partout cette heureuse initiative, par notre autorité, notre faveur, nos encouragements, par les louanges généreusement adressées aux sociétés catholiques dévouées à cette œuvre. Vous comprendrez donc facilement, chers fils, le plaisir et la joie qui furent les nôtres en apprenant votre résolution de travailler de toutes manières à la défense et au progrès de la religion catholique, mais plus spécialement d’apporter vos soins à la bonne éducation des enfants et des adolescents. Sa nécessité est d’autant plus grande chez vous que l’impiété a eu plus longtemps le loisir, en votre patrie, de travailler à détourner les âmes de tout l’ordre surnaturel, en favorisant l’indifférence religieuse, en répandant les erreurs les plus pernicieuses, en pervertissant les mœurs, en débridant toutes les convoitises et en plongeant le peuple dans leur fange. Les conséquences ne pouvaient manquer de s’ensuivre : querelles, heurts violents d’opinions, changements presque perpétuels de la forme de gouvernement, troubles et séditions sans trèves, recherche de l’intérêt personnel au détriment de celui de la patrie, et cette avalanche de vices qui a fini par amener votre récent et horrible malheur [La défaite de 1871]. Votre initiative n’est donc pas utile seulement à la religion et au bien spirituel de la jeunesse, elle exerce aussi une action efficace pour ramener l’union dans les esprits, résister aux attaques ennemies, ainsi que pour restaurer l’ordre civil et rendre à votre patrie son ancienne grandeur. Aussi Nous ne sommes pas étonné de voir les nombreuses approbations dont elle a été l’objet et Nous ne doutons pas de l’empressement qu’on mettra à lui venir en aide.

[Espoir que le clergé de Marseille ne manquera pas d’apporter la sienne.]

Prévenir et guérir

Si d’ailleurs Nous Nous sommes arrêtés à ce point spécial de votre programme, Nous ne pensons pas pour autant devoir recommander moins chaudement l’activité que vous avez décidé d’exercer pour repousser les assauts de l’erreur, et rabattre l’insolence de la presse hostile, pour venir en aide aux institutions chrétienne de charité, soutenir les églises pauvres, et d’une manière générale protéger et encourager les œuvres pies. Si en effet, par l’éducation saine et soignée de la jeunesse, vous mettez la hache à la racine du mal et assurez l’avenir en formant une société renouvelée et intègre, pour la substituer à celle si corrompue aujourd’hui, c’est à arracher, à arrêter, à soulager et guérir les maux de celle-ci que tendent vos autres œuvres de zèle. Aussi, n’est-ce point seulement notre approbation totale et chaleureuse que Nous donnons à votre programme ; Nous souhaitons encore ardemment de le voir au plus tôt réalisé et honoré d’adhésions nombreuses, pour que la mise en commun de beaucoup de ressources, de forces, de talents, vienne opposer au torrent débordant de l’impiété une digue solide, capable de sauver de sa perte la société religieuse et civile et de lui faire retrouver une nouvelle vie.

Elle est rude est ardue, la tâche que vous avez entreprise, mais elle l’a été pour le nom de Dieu et pour le salut des âmes comme pour celui de votre patrie. Vous ne pouvez donc douter que Dieu vous soit propice. S’il combat pour vous, vous n’aurez pas de peine à vaincre toutes les difficultés et recueillerez de vos labeurs des fruits qui sans doute dépasseront encore vos espoirs.

[Vœux de réalisation. — Bénédiction.]

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