Unité de la méthode

Avec les camps d’été, peut-être avons nous croisé quelques scouts. Le néophyte s’y perd : du bachi à la tarte, en passant par le béret ou le chapeau, le scoutisme semble extrêmement divers. Au-delà des associations qui ont souvent des raisons historiques et si l’on se contente de considérer la méthode dans sa forme traditionnelle, les couleurs des uniformes pourraient prêter à confusion : il y a pourtant une véritable unité du scoutisme, et il est important de ne pas l’oublier.


Terriens, marins (1), alpins, nautiques, ou même scouts de l’air, chacun se targue de son identité propre. On pourrait encore parler des Raiders, mais c’est une autre histoire. Malgré les nuances, tout cela n’est qu’un seul et même scoutisme. Une même méthode, une même Promesse, une même exigence vis-à-vis de la Loi. Les différences ne résident que dans une spécialisation technique. C’est la raison pour laquelle la méthode ne prévoit pas de louveteaux marins ou alpins, et les adaptations de l’uniforme ne sont qu’une conséquence pratique de cette spécialisation.

Autre point de vue : Louveteaux, Eclaireurs, Routiers. Trois mouvements ? Non. Une seule et même méthode qui s’adapte à l’âge de l’enfant, dans une savante continuité. Toujours la même Promesse, avec un point de vue différent : le petit louveteau de huit ans s’engage à la même chose que le grand routier qui en a trente…

Enfin, on pourra se targuer d’une variété religieuse : protestants, musulmans, laïcs… tous pratiquent le scoutisme. Oui, mais en réalité, sans juger des qualités des chefs ou des enfants, il faut bien mentionner que c’est un scoutisme diminué. Seul le catholicisme lui permet de se réaliser pleinement, le Père Sevin comme Baden-Powell ne disent pas autre chose (2). A bien des égards, lorsqu’on lit Eclaireurson peut penser « qu’on a déjà lu ça quelque part ». Il suffit d’ouvrir les Evangiles pour s’en rendre compte .
Le scoutisme, dans son universalité, est un (3). Il développe ponctuellement tel ou tel aspect. Mais depuis un siècle, ses fruits sont éloquents, à condition qu’il soit pratiqué à fond… (4) « Avant de songer à enrichir le scoutisme, dit le père Sevin, commençons par nous assurer que nos garçons le pratiquent à fond. »

Comment donc lui donnerons-nous cette unité ?

• D’abord en rendant son importance à la structure du Groupe et à l’autorité de son chef. Il est le garant de l’unité pédagogique entre les trois branches, et entre les branches masculines et féminines. Garant aussi du maintient de la méthode au fil des ans, au-delà des changements de maîtrise. Le chef de Groupe est responsable de la formation des Chefs et Cheftaines. Et c’est bien sûr lui qui les investit, devant Dieu, parce qu’ils n’auraient aucun pouvoir s’il ne leur avait été donné d’en haut…

• Ensuite en permettant à la formation scoute de s’achever, en développant dans chaque Groupe un Clan de routiers, un Feu de guides-aînées. Il faut que nos scouts apprennent à vivre leur Idéal dans leur vie d’homme. Après les avoir formés dans la retraite du camp, il faut leur apprendre à partir en mission à la conquête du monde.

• Enfin, en développant l’esprit de fédération ou d’association, selon la situation de chacun. Quel que soit le mouvement, les équipes nationales sont au service des unités. Il ne s’agit pas d’un centralisme jacobin, mais d’unifier les pratiques, les uniformes… pour unifier cette armée que nous voulons ranger sous les étendards du Christ. Chaque bataillon a son caractère propre. Mais tous doivent avoir l’humilité de s’unir pour mener le grand combat du Christ-Roi avec les meilleures armes. Ce sont les équipes nationales qui ont le recul et l’expérience nécessaires pour donner les principes et les lignes directrices. Ce sont les échelons locaux qui ont la connaissances nécessaires du terrain pour les mettre en application. La collaboration des uns avec les autres est essentielle.

Concluons avec le Père Sevin qui revenait bien souvent, à Chamarande, sur trois points qui lui paraissaient essentiels. Nous laissons chacun les méditer pour son propre compte :

– Penser son scoutisme –
– Intégrité de la méthode –
– Primat du spirituel –


1 – « La principale difficulté de la vie des unités marines c’est d’y maintenir l’esprit scout. En raison précisément de l’attrait que les activités marines présentent pour les garçons, il peut arriver que ceux-ci y voient non plus un moyen de pratiquer le scoutisme mais une fin. On tombe ainsi dans le yachtisme. (…) nous devons veiller soigneusement à éviter ce que nous considérons comme une déviation de notre esprit. » Commandant Bernard, Scoutisme marin, possibilités et difficultésLe Chef, n°256, avril 1949.

2 – « … nous nous emparions du mouvement scout pour prouver qu’il n’était complet, qu’il n’était lui-même qu’à condition d’être catholique. » Père J. Sevin, Pour penser scoutement, 1934.

3 – Le Chanoine Cornette écrit à ce sujet : « C’est parce que cette méthode d’éducation est profondément humaine qu’elle a gagné le monde et qu’elle est devenue universelle… Universelle ! Mais alors pourquoi ne pas l’appeler, au sens grammatical et étymologique du mot : catholique ? »

4 – La recommandation paraît superflue, et pourtant !… « Le scoutisme est un ensemble, à la fois très simple et très complexe, parce qu’il est vivant. Rien n’est plus facile que d’en avoir une idée approximative, excepté d’en avoir une idée fausse. Par suite, rien d’aisé comme de le déformer.
Etre vivant, le scoutisme est d’abord une âme : une loi, une promesse, sans l’observation desquelles tous les brevets du monde ne feront jamais un scout.
» Père Jacques Sevin, Pour penser scoutement, 1934.

Un très bel uniforme scout marin pour Pierre Grimaud, ici en 1933. C’est lui qui organise la branche marine des Scouts de France à partir de 1928. Avec l’aimable autorisation de Georges Ferney.

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