Comment faire oraison ?

L’oraison, qui n’est que le mot savant pour parler de la prière, doit être le cœur de la vie de tout chrétien, c’est l’énergie qui recharge notre batterie. Les saints et les écoles spirituelles ont tous leur méthode, leur approche. Voyons ici comment procéder avec les conseils du Père Eugène de Villeurbanne, capucin (+ 1990).


« L’oraison n’est pas une prière vocale telle que l’Office divin, le chapelet. L’oraison n’est pas non plus la contemplation intellectuelle du théologien ; l’oraison est une prière du cœur dans laquelle les actes d’amour tiennent lieu de mots.

L’oraison est une prière purement mentale dans laquelle, après quelques réflexions nommées « méditations », les actes de la volonté nommées « affections » doivent occuper la plus grande partie du temps.

Il est très utile de savoir faire oraison et de faire oraison, car l’oraison est le dialogue de l’âme avec Dieu le plus profond. Dieu est en elle et c’est en elle-même que l’âme le rencontre et qu’elle lui parle par le plus intime d’elle-même, son cœur. Elle y atteint un degré très élevé d’union à Dieu et une grande intensité d’amour. L’âme y progresse rapidement dans la perfection commencée par le baptême et qu’accompagne la vie sacramentelle et le combat spirituel contre nos défauts. Dieu, en effet, répond à l’amour de l’âme par un accroissement de vertus et des formes diverses de secours spirituels.

Oraison et méthodes d’oraison

Il existe des méthodes d’oraison et des plans-guides de l’oraison. Si ces méthodes ne datent pas du XVIe siècle, elles y ont connu un regain d’intérêt. En effet, le De triplici via de saint Bonaventure est une méthode de méditation, d’oraison et il y est traité de la contemplation. Dans la sainte Eglise, les choses sont rarement absolument nouvelles et si l’on veut les juger telles, il faut, sous peine d’erreur, se garder de les rejeter pour la seule raison de leur nouveauté.

Tout directeur spirituel saura expliquer à ses dirigés les deux sages principes suivants :
a) Dans l’oraison, l’âme a toujours droit à sa liberté ; la méthode est un instrument.
b) Une méthode est un guide temporaire, elle ne remplace pas le Saint-Esprit qui est le maître principal des âmes.

Les deux conditions préalables de l’oraison.
L’efficacité de l’oraison et les délices qu’elle donne à l’âme exigent :
1) une fervente vie sacramentelle et
2) un combat spirituel soutenu.

L’oraison dirigée

Elle comprend trois parties :
I – Une préparation,
II – Le corps de l’oraison au cours duquel se font :

A – la considération qui est l’exercice de la mémoire,
B – la réflexion qui est l’exercice de l’intelligence,
C – les affections qui sont l’exercice de la volonté-cœur.

III – Une conclusion.

Plan de l’oraison et des actes à faire pendant le temps de chaque partie de l’oraison.

– I –

Au cours de la préparation immédiate, il faut faire des actes :
1 – de foi en la présence de Dieu, présent surtout en nous ;
2 – d’adoration de la très sainte Trinité et de Jésus-Christ ;
3 – d’humilité, de reconnaissance de notre petitesse et de dépendance, d’aveu de nos multiples péchés ;
4 – de confiance dans l’aide du Saint-Esprit au cours de notre oraison ;
5 – de demande d’accomplir la sainte volonté de Dieu pendant notre oraison ;
6 – de résignation à la permission divine si notre oraison est aride.

– II –

Voici les actes à faire au cours de l’oraison proprement dite, ou corps de l’oraison :

A – L’exercice de la mémoire ou considération consiste :
1 – à se souvenir du mystère de Jésus sur lequel on va faire oraison ;
2 – à considérer les lieux, gestes, circonstances, les actes de Jésus ;
3 – à se souvenir des paroles qu’il a prononcées, etc.

B – L’exercice de l’intelligence ou de la réflexion consiste, en procédant par questions mentales, à extraire des paroles, gestes, attitudes de Jésus toute la richesse, la beauté, la bonté divines et humaines de Jésus :
1 – Qu’est-ce que Jésus a dit, a fait ?
2 – A qui l’a-t-il dit, fait ?
3 – Comment ?
4 – Quand ?
5 – Pour qui ? Pourquoi ?

Remarque : le but de cette réflexion est de provoquer l’admiration qui contient déjà de l’amour et conduit à l’amour.

C – L’exercice de la volonté et des affections consiste à aimer sans parole, par les différents actes d’amour :

1 – acte d’admiration pour Jésus, Dieu-Trinité ;
2 – acte d’adoration de Jésus, de Dieu-Trinité ;
3 – acte de réjouissance de tout ce qu’ils sont ;
4 – acte de louange ;
5 – acte de désir de l’action de Dieu en nous, de dégustation de la suavité de Dieu ;
6 – acte de regret de tout ce en quoi nous nous sommes soustraits à Dieu ;
7 – acte intérieur de dévouement envers Jésus et Dieu.

– III –

La conclusion de l’oraison

Elle comprend les actes suivants :

1 – Jeter un regard rétrospectif sur la façon dont nous avons fait notre oraison et, selon les cas, s’excuser surtout ou remercier de sa grâce.
2 – Prendre les résolutions pour la journée.

Remarque : la sainteté exige les vertus. Elles en sont de notre par l’élément capital, car l’amour pour Jésus s’exprime par l’imitation des vertus de Jésus.

3 – Puis il faut passer à la demande.
Notre-Seigneur veut que nous collaborions au salut des âmes ; nous y collaborons par nos demandes en leur faveur, et il veut les exaucer :

a) il faut demander la grâce pour nous ;
b) demander à Jésus de bénir nos intentions : présentons les grandes intentions générales et collectives en faveur de l’Eglise… du monde… de notre patrie… etc.
c) nos intentions particulières ou privées…
Vous pouvez terminer par une prière à Marie notre avocate et un signe de croix. »

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