Savons-nous aimer ?

Déjà, l’Avent est là. Période de pénitence choisie par l’Eglise, pour nous libérer de toutes les entraves de ce monde, de toutes ces chaînes qui nous tiennent et nous empêchent de nous donner, libres, francs, à l’Amour infini. Encore quelques jours et nous verrons le Dieu éternel incarné dans la crèche, dans cette preuve d’amour incompréhensible, qui déjà prépare la croix.

Dans nos contemplations, accédons à la Cour céleste, et allons nous assoir aux pieds de notre Dame, de celle qui est tout à la fois la fille, l’épouse et la mère du Très-Haut. Comme dans une veillée hivernale et familiale, au coin d’un feu, dans la grande salle, demandons lui de nous conter cet amour divin, cet amour infini.

Je viens à vous en toute confiance,
Près de vous les moments sont doux
Je viens donc m’asseoir en silence
A vos genoux.

Et là, sans rien dire et rien faire,
Laissant mon âme déborder, 
Je veux tout simplement, ma Mère,
Vous regarder !
(1)

A l’exemple de la plus belle des créatures, le vénérable Père Sevin a su se donner totalement, sans borne et sans limite. Pas une minute de sa vie, pas une parole qui ne fût consacrée à la plus grande gloire de Dieu, pas un silence aussi, face aux difficultés et aux croix. Il savait s’offrir « sans réplique ».

Savons-nous aimer ? Savons-nous aimer dans notre bonne action, offerte en réparation pour consoler le Christ en Croix, savons-nous aimer par les petits sacrifices quotidiens dont parle Guy de Larigaudie ? Savons-nous aimer sans mesure, et rendre amour pour amour ? Ne gardons-nous pas un petit domaine réservé « à nous », sommes-nous vraiment capables de cette douche froide, de ce sourire offert, de l’acceptation de cette compagnie désagréable, de ce jeûne, de supporter ce froid ? Rechercher ce qui est difficile et vouloir vivre rudement nous dit le Départ Routier. Savons-nous rechercher ce qui est difficile pour l’amour de Dieu ? Sommes-nous capables de nous présenter devant le tabernacle et après un salut impeccable au Chef et Seigneur, de nous agenouiller et de Lui dire en toute loyauté et en toute droiture :

Divin Roi, sur mon honneur je vous aime,
je vous aime quoi qu’il en coûte,
et plus il m’en coûte, plus encore je le ferai.


1 – Extrait d’un poème du Père Sevin, Lassitude, 3 mai 1904.

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