J’ai testé pour vous : le CEETS

Le CEETS, c’est le Centre d’Etude et d’Enseignement des Techniques de Survie, connu de tous ceux qui s’intéressent un peu à la discipline.

Créé en 2003 par David Manise, il développe un réseau de formateurs experts en France, Suisse et Belgique.

En novembre 2017, j’ai testé un stage de niveau 1, durant trois jours, avec ces experts de la survie. Je voulais voir quelle était leur approche, si elle confirmait ou contredisait mon expérience scoute. Déjà, depuis quelques années, j’avais fait évoluer pas mal de mes pratiques – il me semble que les Troupes devraient regarder un peu plus ce qui se fait ailleurs, ce qui n’altèrerait en rien leur identité propre. Mais le sujet n’est pas là.

Beaucoup d’écoles de survie existent… c’est à la mode. Chacun y va de son couplet sur la concurrence, « en off » bien sûr, puisque tout le monde se connaît dans le milieu ; on ne se critique pas ouvertement. Certains parlent de vie dans la nature, d’autres de survie, d’autres encore de survivalisme, de bushcraft… Toutes ces dénominations révèlent des réalités différentes. L’un n’est pas forcément meilleur que l’autre : il suffit de savoir ce que l’on veut.

Alors pourquoi avoir choisi le CEETS ?
Peut-être d’abord pour la personnalité sympathique de David Manise… je ne le connais que par ses articles, mais lorsque je lis ses réflexions sur les 5%, je ne peux m’empêcher de penser que ce n’est pas bien loin de la définition du scout, de l’éclaireur : le type qui passe devant et qui débroussaille le chemin pour que le gros de la meute puisse suivre. Et ceci, c’est vrai au propre comme au figuré. Il faut qu’il y ait une minorité qui mouille le tee-shirt pour que les autres restent dans leur canapé. On leur reproche souvent de trop en faire, mais c’est quand même eux qu’on vient chercher quand la télé ne fonctionne plus, ou qu’on est en panne sur le bord de la route au moment de partir aux sports d’hiver.

Le CEETS, c’est aussi une pédagogie pensée et repensée. Quinze ans d’expérience, ça porte ses fruits : les stages sont accessibles à tous quels que soient l’âge, le sexe ou le niveau du stagiaire.

Les formateurs sont éprouvés, souvent avec des diplômes (deux guides de haute montagne et un pompier / marin sur ma session). Non pas que je nourrisse la croyance actuelle qu’il faille un bout de papier officiel pour être compétent, mais quand on ne connaît pas, ça rassure toujours. Ils ont surtout une formation interne longue et exigeante.

Enfin, et là aussi ce fut un argument majeur pour moi, ils ont une approche très pragmatique : des choses simples, empiriques, réalisables sur le terrain par n’importe qui. Ils ne cherchent pas à en mettre plein les yeux, ils ne recrutent pas tous les frustrés de la suppression du service militaire en manque de sensations et qui veulent leur « week-end bidasse en treillis ». Ils font de l’utile. Et ça porte ses fruits.

A quel stage m’inscrire ?
Au début, il n’y a pas trop le choix. On est obligé de les prendre dans l’ordre. Les stages survie s’étalent sur trois niveaux. En gros, ça se découpe ainsi :
N1 : passer une nuit dehors avec son sac et tout son matériel ;
N2 : passer une nuit dehors avec son « fond de sac », ce que l’on aurait en partant en randonnée à la journée ;
N3 : passer une nuit dehors avec… ce que l’on a dans les poches.
Il y a aussi quelques stages plus spécifiques : orientation, grand froid, randonnée muletière, kayak…

C’est donc parti pour un N1 en formation intensive. Certificat médical, règlement, dossier d’inscription… et je reçois de la très attentionnée Karine toutes les infos pour me préparer. Après quelques achats sur Amazon et une soirée à calculer mes calories je me retrouve au pied des Pyrénées. C’est le grand jour.

Le déroulé du stage
Je ne m’étalerai pas trop sur cette partie-là. Je vous laisse le suspense, et puis le site du CEETS présente très bien le contenu de ces stages.

Après de rapides présentations, nous nous mettons en binômes. Nous sommes quatorze pour deux formateurs, et en bonus, nous avons deux moniteurs en formation, tout aussi compétents que les formateurs officiels.

Pour cette première journée, nous apprendrons à utiliser correctement une carte, la marche afghane, la gestion du glycogène, l’utilisation du couteau et le bâtonnage, l’allumage du feu, le montage d’un abri au moyen de notre tarp. Le soir, chacun dort sous l’abri qu’il a construit, après un sympathique dîner autour du feu. Bonne ambiance, bon esprit, le groupe est aussi agréable que les profs.

Le lendemain matin, la météo se précise : de la pluie ! Elle ne nous empêche pas de travailler : comment faire son sac, notions de secourisme (exercice de pose d’un pansement israélien, tourniquet, donner l’alerte, et des conseils très intéressants sur l’attitude à adopter lorsqu’on fait intervenir un hélicoptère en montagne). Pour achever la matinée, nous nous déplaçons sur un autre lieu de bivouac. Là, nous voyons la position d’attente (se mettre rapidement au sec et au chaud en attendant les secours), comment monter un abri minimaliste, et ce qu’il faut mettre dans son fond de sac. L’exercice du soir veut reproduire une situation tout à fait anodine, mais qui peut vite dégénérer : lors d’une promenade d’une journée, nous nous retrouvons malgré nous à devoir passer la nuit dehors. Pas de sac de couchage et de tente donc, ni même de nourriture, mais il va quand même falloir passer une bonne nuit… Eh bien malgré la pluie incessante, les rafales de vent et la neige au petit matin, la nuit fut plutôt bonne, sous l’œil bienveillant des formateurs qui se levaient toutes les deux heures pour faire le tour de nos abris de fortune. Comme beaucoup d’autres avant moi, j’ai passé quasiment toute la nuit en tee-shirt. Juste un peu mouillé sur les jambes les dernières heures.

Au matin, naturellement, on passe un moment à faire le point sur l’expérience que nous venons de vivre. Dernières instructions sur la purification de l’eau, la déshydratation et la gestion du stress, et nous repartons. Il faut déjà rejoindre la civilisation.

Bilan ?
Je ne connais toujours pas le grand manitou, mais ayant rencontré quatre de ses formateurs, je confirme le capital sympathie / pédagogie du CEETS. Des gars qui ont de la ressource. On part avec eux en toute confiance, et ils ont tous un allant et une bonne humeur qui fait vite oublier le froid et la pluie. Quand je pense à eux, je vois tout de suite un sourire franc et cordial. Des gars inspirants.

De mon côté, je suis content de valider le sens dans lequel j’évoluais depuis quelque temps. Par contre, j’ai pris un sac bien trop gros… ne sachant pas trop à quoi m’attendre, j’avais prévu large. Le dossier d’inscription prend beaucoup de précautions, j’ai peut-être été un peu trop pointilleux à le suivre. J’aurai presque pu diviser le volume de mon chargement par deux. Non que les situations rencontrées fussent simples, mais lorsque les formateurs sont bons… on reste dans une relative zone de confort !

Faut quand même que je critique un peu… on va croire que je suis payé pour écrire cet article… mais c’est qu’il n’y a pas grand chose à redire. On trouve toujours ça trop cher, mais le rapport qualité / prix est à la hauteur. Le dernier jour, j’ai trouvé le rythme un peu trop relâché. Il faut dire que j’ai eu la chance de passer une bonne nuit, d’autres étaient plus fatigués que moi. J’étais venu en espérant apprendre quelques trucs pour se nourrir sur le terrain. Mais on m’a expliqué – a raison – que ce n’est pas une priorité : on peut rester trois semaines sans manger. Ce point est traité dans les stages N2… j’ai plus qu’à y retourner…

Petit regret sur la nourriture : j’avais voulu faire ça sérieusement : j’ai prévu des repas optimisés, j’ai calculé mes calories… pour finalement m’apercevoir sur place que nos quatre experts ne se privaient pas de bonnes choses, et qu’ils faisaient ce que je fais d’habitude instinctivement : de la bonne viande, du fromage, du pain, du chocolat, des fruits secs… pas de raison de se priver !

En bref, il faut bien l’avouer, j’ai hâte de m’inscrire au niveau 2 ! et je sais que plusieurs des mes collègues d’alors sont dans la même dynamique. Sur les quatorze que nous étions, je n’en ai pas entendu un seul qui soit déçu.

A qui s’adressent ces stages ?
Nous l’avons dit : à tout le monde. Point besoin d’être grand reporter en partance pour la Syrie ou de préparer un trek en Islande pour s’intéresser aux formations du CEETS. Si vous voulez être capable de vous tirer d’affaire si vous vous perdiez lors d’une balade en famille, si vous voulez être plus à l’aise et plus serein en pleine nature, faire évoluer vos pratiques, ou tout simplement passer un bon moment… ces stages sont faits pour vous !


Ces quelques mots avaient été rédigés après mon niveau 1, et traînaient dans les articles en attente de publication… depuis, j’ai testé le niveau 2 ! je confirme donc mes impressions !

Plus d’infos ici : https://www.stages-survie-ceets.org

Et si vous ne pouvez pas faire de stages, il vous reste le plan B : le bouquin de David Manise, plutôt bien fichu !

One Reply to “J’ai testé pour vous : le CEETS”

  1. […] l’un de nous. Il s’agissait d’apporter un témoignage sur les stages de survie. Nous vous en avions parlé ici. Le numéro 14 de cette revue consacrée aux activités de plein air est donc sorti, et nous vous […]

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