Chanter en canon

Comment étoffer la partie chorale d’une veillée ? Avec des chants polyphoniques bien sûr, mais cela n’est pas toujours évident à mettre en place. Nous avons des moyens variés et très abordables, comme le chant à choeurs alternés ou l’incontournable canon.


Chanter en plein air n’est pas évident, puisqu’on ne dispose pas de l’acoustique d’une salle. Les voix peuvent vite se perdre dans la nature, surtout si l’unité n’est pas nombreuse. Non seulement ce n’est pas très joli, mais en plus le résultat n’est pas tellement enthousiasmant pour les jeunes, et l’on préfère toujours une belle veillée où les voix font vibrer la futaie, une marche où le volume sonore entraîne le pas et fait oublier la fatigue…
Chanter en canon est un excellent moyen d’enrichir un choeur et te permettra également de travailler le rythme et la direction qui demandent beaucoup de rigueur.

Le canon
Le canon est une mélodie unique, généralement assez courte, que plusieurs groupes de chanteurs – ou «parties» – chantent en décalé.
En fonction du canon, on pourra le chanter à deux, trois, quatre parties… ou plus ! La plupart du temps, dans un carnet de chants, le canon est mis en page de façon à ce que l’on identifie les différents départs des parties, sinon on peut les retrouver facilement grâce au rythme. Le nombre des parties est parfois précisé et dans ce cas il est important de chanter ce qui est indiqué parce que c’est cela qui fait la beauté du chant.

Un conseil cependant : si tu ne connais pas le nombre de parties nécessaires pour bien chanter ton canon (ou si tu n’es pas sûr des qualités musicales de ton carnet de chants !…) il te suffit de compter le nombre de parties que présente le canon et de prévoir un groupe de chanteurs de moins. En effet, si tu as un canon en quatre parties et que tu coupe ton choeur en quatre parties, tu auras exactement la même mélodie avec les mêmes harmonies, en boucle, durant tout le chant. Tandis que si tu formes seulement trois groupes de chanteurs, la mélodie variera légèrement.

Faire chanter
On commence toujours par faire chanter le canon à l’unisson (c’est-à-dire tous ensemble) à tous les chanteurs. S’il y a du public, cette étape lui permettra de mieux comprendre les paroles.
Durant le chant à l’unisson, le meneur va mettre en place le rythme qu’il souhaite et diviser les chanteurs en parties avec de grands gestes des deux bras. Il peut appuyer ses gestes du regard en regardant bien le groupe dans les yeux et particulièrement le premier et le dernier chanteur de chaque partie.

Lorsque le chant à l’unisson est terminé, le meneur lance aussitôt la première partie en marquant bien le départ et en rappelant le «découpage» du groupe. Puis avec le même geste, il fait démarrer la deuxième partie etc…

Durant tout ce temps, le meneur ne doit pas cesser de battre la mesure ! Il n’est pas nécessaire de s’approcher de chaque partie à tour de rôle pour la faire démarrer, surtout si le cercle est grand. Il est préférable de garder un peu de distance en restant proche du centre afin d’avoir une vue d’ensemble et de ne pas tourner le dos aux trois quarts des chanteurs. Le but est que la plupart des chanteurs puissent voir la main qui dirige et donne le rythme… et que tu puisses passer d’une partie à l’autre sans avoir à courir partout ! En fait, plus le nombre de chanteurs est grand, plus il faudra prendre de recul.

Lorsque le canon est bien lancé, tu peux jouer avec l’intensité des voix en plaçant tes main ainsi et en les écartant pour indiquer un crescendo ou en les rapprochant au contraire, pour un decrescendo.

Attention : ces jeux d’intensité ne sont pas obligatoires, indispensables et incontournables pour un canon réussi ! Il faut que le sujet s’y prête. Un canon enlevé et drôle placé en haut de courbe pourra supporter des variations extrêmes et rapides (à consommer avec modération et seulement si le chant est très bien dirigé). Pour un canon calme, majestueux, poétique ou religieux, on se contentera d’un crescendo général afin d’en déployer toute l’harmonie, puis on fera doucement décroître l’intensité des voix avant de faire taire les chanteurs.

Et enfin, comme le scout ne fait rien à moitié, il maîtrise son canon jusqu’au dernier souffle de voix. Lorsque la mélodie a été chantée quatre ou cinq fois par l’ensemble des parties, il commande un decrescendo qui amènera les chanteurs au silence au moment où il le décide, d’un geste net… et à un moment intelligent ! C’est-à-dire à la fin d’une partie.

Pour préparer la fin de son canon, le meneur peut aussi faire fredonner la mélodie aux chanteurs, une partie après l’autre, sur un «mmmm…» ou un «ouououh…» très doux. Il coupe alors le canon lorsque la dernière partie termine de chanter les dernières paroles.

 

Diriger un canon est un excellent moyen d’acquérir rigueur, précision et assurance. C’est un premier pas pour les plus jeunes dans l’apprentissage de la direction d’un groupe : savoir ce que l’on veut, prévoir chaque détail, s’imposer, élargir ses gestes, se rendre visible… ou même improviser au besoin.

Un excellent moyen, pourquoi ? Parce que le résultat dépend en majeure partie non des chanteurs mais du meneur. Alors quelle récompense pour le jeune meneur, s’il prend son travail à coeur, lorsqu’il entend s’envoler l’harmonie de dix, quinze, trente voix bien accordées !

 

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