La plupart du temps, nous organisons nos activités en plein air. Depuis plus d’un an, la Compagnie de la Sainte-Croix organise des « Journées CSC » qui sont ouvertes à tous, sur des thèmes divers. Mais toujours en plein air. Pourquoi donc ?
Le monde d’aujourd’hui ne cesse de nous parler de liberté. Nous ne voulons avoir aucune attache. Nos forfaits de téléphone sont « sans engagement ». Nos mariages aussi. On rompt l’un et l’autre aussi facilement qu’on se connecte au wifi. Je suis libre. Tant que je n’embête personne, je fais ce que je veux. Je dispose de ma vie comme bon me semble.
Pourtant… je sens bien que quelque chose ne tourne pas rond. Mon téléphone, toujours plus mince et plus léger, dans ma poche, pèse parfois plus lourd qu’un boulet de forçat. Et c’est moi qui m’enchaîne à cet instrument de torture qui me vole mon temps et qui interrompt mes repas familiaux. Je suis esclave de ce maître despotique qui exige que je sois disponible à chaque instant du jour et de la nuit, réactif au premier coup de clochette.
Pourtant… je suis esclave de cette mode qui prétend que je peux m’habiller et me comporter comme je veux, mais qui m’ostracise si je ne rentre pas dans ses canons, si je ne dépense pas des sommes folles pour avoir les dernières chaussures de chez untel.
Pourtant… je me sens bien forcé par ces campagnes de prévention qui m’obligent à aller à la salle de sport et à « surveiller ma ligne », comme si elle allait être kidnappée par mon frigo, pendant que je m’adonne à mon culte quotidien devant cet écran qui règne dans mon salon.
Alors… je cherche une bulle d’air. Lorsque je suis enfin libéré de mon travail — celui auquel je m’enchaîne tous les lundi matin en espérant la liberté conditionnelle du vendredi soir — je m’inscris pour une « Journée CSC ». Pour quelques heures, ou quelques jours, je découvre une sensation dont on m’a souvent parlé, mais que je n’avais jamais ressenti : je suis libre.
Partir en « stage survie », venir apprendre à tenir une carte et une boussole, ou tout simplement sortir randonner en famille, c’est faire l’apprentissage de la liberté. Vivre en pleine nature, c’est accepter l’ordre naturel, l’ordre voulu par Dieu. On est alors à la merci du vent, des intempéries, de cette montagne qu’il faut gravir, de ce bois mouillé qui ne veut pas s’allumer pour chauffer le repas. Mais on se retrouve à notre place, intégrés à un ordre supérieur qui nous dépasse, participants d’un tout soigneusement organisé par le Créateur pour notre plus grande joie. Soumis à ces lois qui s’imposent à moi, loin des marchands de libertés et d’illusions, je suis enfin libre, je suis enfin moi-même.
Etre libre, ce n’est pas faire ce que je veux. Etre libre, ce n’est pas être indépendant. C’est reconnaître mon Créateur et suivre ses bons conseils. C’est reconnaître ma dépendance et humblement, accepter sa bienveillance. La nature est une école de vie. Une école de liberté.