Patrouille libre ?

Tu as une patrouille libre ou tu souhaites en fonder une ? Voici quelques conseils de fonctionnement, à la lumière des enseignements du grand commissaire éclaireurs que fut Michel Menu.


 

Le fonctionnement d’une patrouille libre
1 – La Cour d’Honneur
C’est une réunion, un conseil, qui prend les décisions importantes : l’admission à une promesse, une exclusion – ça peut arriver -, les buts moraux et spirituels de l’année, etc.
Elle comprend : le CP, l’aumônier, le second, et si possible de chef de la troupe protectrice.
Elle est solennelle : elle se tient en uniforme. On peut avoir devant soi un crucifix, le fanion de la patrouille, la loi scoute.
On commence par la prière des chefs.
On établit un compte-rendu écrit, dans un cahier ou un classeur qui suit toujours la patrouille.

Le cas d’une admission à la Promesse.
Il faut se poser les bonnes questions :
– le garçon est-il vraiment un scout volontaire ?
– a-t-il passé toutes ses épreuves d’aspirant ?
– est-il en progrès ?
– a-t-il le sens de l’honneur, de la « parole donnée » ?
– qui lui a expliqué la loi scoute ?
Le chef de patrouille s’engage à l’aider particulièrement dans sa vie scoute, comme un parrain. On prend des décisions pour la veillée d’armes qui précédera immanquablement la Promesse : où ? quand ? comment ?
On s’entretient avec le scout. On le laisse repartir pour délibérer, et on le fait revenir pour lui annoncer la décision de la CdH.

Le cas d’une réprimande.
Ce sont des cas rares, et qu’il faut juger avec parcimonie. Mais il faut parfois savoir réagir avec virilité. Amour n’est pas faiblesse. La Cour d’Honneur se réunit avant de faire comparaître le scout qui a manqué à sa Promesse. Il s’agit de déterminer :
– a-t-il compris son erreur ?
– est-il fatigué, malade ?
– a-t-il besoin de plus de responsabilités ?
– est-ce la première fois qu’on l’avertit ?
Il sera bon de préparer deux ou trois lignes extraites de l’Evangile pour bien situer la faute.
On fait ensuite venir le garçon et on lui explique son erreur, comment il contredit l’idéal scout, la bonne marche de la patrouille, l’honneur du scoutisme tout entier.
On lui demande quelles résolutions il compte prendre.
Si c’est un cas de récidive qui nécessite l’exclusion, il faut bien lui faire sentir que c’est lui-même, par sa mauvaise volonté, qui abandonne la patrouille, puisqu’il refuse son esprit et ses règles.

Mais avant l’exclusion, d’autres « sanctions » peuvent intervenir :
– choix d’un service qui coûterait particulièrement,
– blâme devant la patrouille,
– interdiction de porter l’uniforme,
– exclusion temporaire ou définitive.

La Cour d’Honneur peut aussi féliciter : félicitations d’un chef supérieur, félicitations devant toute la troupe rassemblée, parution dans la revue d’une action remarquable…

La Cour d’Honneur est aussi le lieu où l’on prépare le programme d’année. Il faut surtout penser à l’esprit de patrouille : effort pour la charité et la loyauté, participation aux activités de la paroisse, retraite de patrouille…

2 – Le Conseil des Chefs
La Cour d’Honneur est limitée à ce qui touche l’honneur du scoutisme.
Le Conseil des Chefs réunit le chef de patrouille, l’aumônier, et le chef de la troupe la plus proche. C’est une réunion de travail pour préparer d’une manière pratique les réunions, sorties, camps. On y fait des rapport, on y apporte des idées, des critiques, des demandes. Il y a toujours un compte-rendu écrit.

3 – Le Conseil de Patrouille
Il se réunit dès que la patrouille a des projets importants. Il se tient avec toute la patrouille, sous la direction du CP. Autant que possible, l’aumônier sera présent. Il traite de l’agencement du local, du camp, des grandes sorties… Il donne à chacun des responsabilités.
On fixe un temps précis à l’avance, pour éviter de se perdre en parlotte. On établit un compte-rendu.

 

Aspects administratifs
Il faut pour cela te rapprocher de l’association dont tu fais partie. Mais attention : il y a un cadre légal pour toutes tes activités, et il ne faut pas faire n’importe quoi. Il faut que tes scouts et toi soyez couverts par une assurance. Il faudra aussi rapidement des diplômes. N’oublie pas aussi que tu ne sais pas tout. Il te faut des grands chefs pour te conseiller, notamment sur le plan pédagogique.

En lien avec l’association dont dépend ta patrouille libre, il faut s’acquitter de quelques formalités : déclarations de camp, cotisations, fiches sanitaires, assurance, budgets…

 

Organisation et fonctionnement
Le Chef de Patrouille choisit son second et le forme.
Tous les autres scouts ont un ordre dans la patrouille (3e, 4e, 5e…). Ils ne sont pas classés selon leur âge, mais selon leur esprit scout et leur valeur technique. Cet ordre peut varier selon l’évolution de chacun.
Chaque garçon a une charge selon ses compétences, que l’on nomme le plus souvent « poste d’action ». C’est important que tout le monde soit responsable de quelque chose, et que chacun puisse servir la patrouille par ses compétences : secrétaire, trésorier, régisseur, bibliothécaire, mais aussi signaleur, orienteur, traqueur, secouriste, boute-en-train, décorateur… Chaque année, le scout qui détient un poste d’action forme son successeur, afin que tous puissent développer des aptitudes variées.

 

Traditions de patrouille
A toi de les créer : règles d’honneur, devise, chants, cris, fanion de patrouille, saint patron, fêtes patronales, journal de patrouille, spécialité technique, chroniques ou livre d’or…

 

Matériel de patrouille
La patrouille a son propre matériel au camp, qui lui appartient et qui est marqué à ses couleurs. Il ne s’agit pas de s’encombrer de tout le confort moderne, mais d’avoir l’essentiel pour bien camper et bien jouer.
Chaque garçon, selon son poste d’action, est responsable d’une partie du matériel.

 

La base, ou local
C’est un lieu qui appartient à la patrouille : petite maison, cabane, parfois un simple grenier. Il est nettoyé et organisé : décoration, éclairage, ateliers, établi de menuiserie, ring de boxe ou tatamis de judo… On y range le matériel, on y fabrique des meubles, on s’y réunit.

 

Uniforme
Il est défini par l’association à laquelle ta patrouille est rattachée. Traditionnellement, les patrouilles libres portent un foulard noir.

 

La progression
Le jeune novice devient aspirant lorsqu’il s’engage par la Promesse.
Il passe ensuite sa seconde classe et sa première classe, qui révèlent ses compétences. La dignité de Chevalier de France vient couronner le tout.
Ces niveaux sont définis par un programme d’épreuves, qui vise à atteindre les cinq buts du scoutisme : santé, savoir-faire, caractère, recherche de Dieu, sens du prochain.

Les épreuves ne « s’apprennent » pas. Elles se jouent et se vivent. C’est au cours du jeu que le chef de patrouille vérifie les capacités réelles de chaque scout. La plupart des épreuves scoutes sont orientées vers le service du prochain.

Le CP aura à cœur d’avoir rapidement sa première classe, et de faire appel à des instructeurs compétents : son aumônier bien sûr, mais aussi d’anciens chefs, ou des professionnels, des spécialistes dans tel ou tel domaine.

Parallèlement à la progression générale, chacun peut passer des brevets ou badges, qui sont des spécialisations. Ils ont un programme plus poussé que celui des épreuves de classe, et ils permettent à chacun de développer les qualités qui lui manqueraient (le brevet de menuisier pour celui qui est plus naturellement intellectuel par exemple). Les badges complètent les classes et forment une pré-orientation professionnelle, selon les goûts de chacun. Elles permettent au garçon de développer ce qui l’intéresse. Il prend ainsi le goût de faire, d’apprendre et de découvrir par lui-même. C’est un bon moyen de canaliser son besoin d’action.

La patrouille peut aussi avoir une spécialité, qui permettra de développer certaines aptitudes en commun.

 

Les sorties
Tout au long de l’année, la patrouille « sort ». C’est en plein air que l’on vit la vie scoute, quelque soit la météo du moment. C’est là que la fraternité se forge au sein de la patrouille, c’est là que la rencontre avec Dieu est plus facile.
Le respect de la loi scoute assure le bon déroulement de ces activités, sous la direction du Chef de Patrouille. On y campe impeccablement : ordre, propreté, lever rapide, toilette, silence absolu après la prière du soir. On ne campe pas n’importe où et on veille à laisser le terrain sans aucune trace. 

Voici un exemple de programme pour une sortie :
6h30 – Lever
6h35 – Gymnastique d’assouplissement
6h40 – Toilette
7h – Saint Messe
8h – Petit déjeuner
8h30 – Entraînement sur les épreuves
11h – Cuisine
12h – Déjeuner
13h15 – Démontage de la tente. Préparation des affaires.
14h – Jeu ou raid
16h30 – Retour. Passer à l’église pour la prière du soir.

Tout au long de l’année, on déroule le programme décidé en septembre :
– visite du CP et de son second à la troupe-mère,
– réunions avec l’aumônier,
– retraite de patrouille,
– réunions de patrouille (préparations d’activités, chants, jeux, conseils),
– sorties de patrouille,
– travail à la base,
– sortie avec la troupe voisine.

 

Les parents
Ils sont bien sûr informés à l’avance de l’ensemble des activités.
On pourra les convier à quelques occasions durant l’année : conférence d’un chef supérieur sur la méthode et l’esprit, projection de photos du camp, démonstration sportive et technique.

 

« Ainsi se reconnaît la Patrouille Libre :
accueillante – joyeuse – toujours prête pour le service. »

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